VEF Blog

Titre du blog : **~~°°° STL°°°~~**
Auteur : metal-in-action
Date de création : 02-12-2007
 
posté le 14-01-2009 à 19:05:02

~~°°° The Sunshine °°°~~

N’essayez pas de cataloguer The Sunshine Underground ou de lui coller une étiquette car cette nouvelle sensation du Nord de l’Angleterre est tout simplement inclassable.
Des journalistes anglais ont tenté, l’an dernier, de trouver une explication à la popularité grandissante de ces quatre garçons sans résultat vraiment probant. On a évoqué le psychédélisme. Ce qui est totalement faux. On a parlé d’indie dance. Ce qui n’est qu’à moitié vrai. Et on a même tenté de les associer à la scène de Leeds. Ce qui est objectivement correct, mais ne nous apprend rien. Certes, ils partagent l’énergie et le sens de la débrouille de certains créateurs du West Yorkshire comme Whiskas de Forward Russia qui a organisé leurs premiers concerts mais comme le rappelle Stuart Jones (guitare) : « Ce qu’il y a de super chez les groupes de Leeds, c’est leur diversité. On ne peut pas parler d’une scène mais d’une région très créatrice. » Craig Wellington (chant-guitare) acquiesce : « The Sunshine Underground ne sonne pas comme Duels ou Pigeon Detective. Nous avons des influences tellement variées. Effectivement, nous avons un style, mais nous avons du mal à écrire deux chansons qui sonnent de la même façon. On ne se fixe aucune limite sans toutefois aller jusqu’au jazz-funk. »
Avec un nom emprunté au répertoire des Chemical Brothers, The Sunshine Underground ne pouvait que se définir comme « un groupe idéal pour faire la fiesta. » Sur RAISE THE ALARM, leur premier album conçu avec des producteurs comme Steve Dub (Death In Vegas) ou Segs (Madness), l’indie rock est catapulté au beau milieu de la piste de danse. Matthew Gwilt (batterie) et Daley Smith (basse) sont aux commandes de la rythmique, lorgnant vers le style funk des Happy Mondays pour concocter des bombes disco-punk du type de « Wake Up » et « Dead Scene ». Mais ne parlez pas de new rave à propos de The Sunshine Underground. Ils ont peut-être du Daft Punk dans les gènes mais ce sont des gamins qui ont grandi en se nourrissant de Blur et de Radiohead. Loin d’être de mièvres mélanges de punk, de new wave et de funk, les singles « Commercial Breakdown » et « I Ain’t Losing Any Sleep » jouent sans fard la carte d’un rock pur et dur. Avec l’intensité, la passion et les guitares vrombissantes de Muse, des Manic Street Preachers ou des Doves. Comme le souligne Craig : « Il est indispensable d’avoir des bonnes chansons. On ne peut pas se contenter de reproduire un rythme endiablé pendant des heures. Ça devient vite gonflant. »
Refrains entêtants, lignes de basse dantesques et rythmes répétitifs transforment les concerts de The Sunshine Underground en scènes de communion chaotique, plongeant les fans dans le délire le plus total. Si certains groupes ont des manifestes, The Sunshine Underground se préoccupe avant tout de faire grimper son public aux rideaux. Et ce de manière littérale : « J’ai une photo d’un spectateur au Nastyfest qui marchait sur le plafond » jure Craig. Plutôt que les shows classiques, ils affectionnent les concerts tardifs et impromptus dans les caves. « Tout le monde est le bienvenu à condition de s’impliquer à fond et de ressortir en nage. »
À la troisième écoute de RAISE THE ALARM, on perçoit une certaine rage au milieu de rythmes apparemment inoffensifs. Craig apprécie cette contradiction : « C’est drôle que des gens puissent chanter de manière insouciante des morceaux sombres et paranoïaques. » Il n’écrit pas de chanson d’amour, ni de morceau le concernant mais il est rarement à court d’inspiration. Il avoue : « Je m’énerve facilement lorsque je suis devant ma télé. Regarder les journaux télévisés est une source d’inspiration. » « Commercial Breakdown » se fout des lecteurs de Heat, l’équivalent anglais de Voici, « des gens déconnectés des choses essentielles qui vivent de ragots et de télé-réalité. » Sur « I Ain’t Losing Any Sleep », il est question de voyous aigris dans des villes minables et Craig s’attaque à un sujet qu’il maîtrise bien avec « Dead Scene », une satire de kids branchés et suffisants. Si The Sunshine Underground semble le groupe idéal pour accompagner une beuverie du samedi soir, il songe aussi intensément à ce qu’on peut ressentir le dimanche matin.
Six ans auparavant, Craig (un adolescent de Shrewsbury) et le reste du groupe (originaire de Telford) fréquentaient un collège du Shropshire. Un endroit sordide où ils avaient l’impression de devenir dingues et qu’ils ont fui pour partir plus au Nord quand Matt est entré à l’université. En peu de temps, The Sunshine Underground a acquis une telle réputation que certains voient déjà en eux les futurs sauveurs du rock indépendant anglais. Pas de quoi déconcerter des musiciens que le vedettariat n’intéresse pas et qui souhaitent avant tout avoir une relation du genre Stone Roses avec leurs fans. Craig : « Il s’agit vraiment d’entretenir un esprit fêtard en composant une musique qui nous plait pour un public qui est prêt à l’entendre. On se moque de savoir si on fera bientôt la Une du NME. » Il réfléchit puis poursuit : « Il ne s’agit pas d’être des stars mais juste d’envisager le rock comme un vrai job. On ne veut pas devenir riche, on veut juste éviter d’avoir à travailler chez McDo dans dix ans. Ce serait terrible. » Pas de soucis de ce côté là : The Sunshine Underground vient à peine de décoller.